Elargissement : pour une idée plus claire des Contestataires Révolutionnaires

Publié le par Les Fondateurs des CRS

En deux semaines, nous avons pu débattre de nos idées avec différentes personnes influentes (ou non) de Blois. Il en est ressorti plusieurs points.


De l'organisation et de la discipline qui en découle


Premièrement, l'organisation sans hiérarchisation est difficile à appréhender pour beaucoup d'individus. En effet, les hommes âgés de plus d'une trentaine d'années, du fait de leur service militaire, sont habitués au concept de commandant en chef des opérations, ou de président tenant l'avenir de la France entre les mains. La plupart des salariés baignent aussi dans ce concept, tout comme les élèves ou bien celles et ceux qui ont été élevés dans une certaine discipline. Ce concept de «leader», ou tout du moins d'obéissance à une puissance supérieure est bien ancrée dans les moeurs. Troquer sa liberté naturelle contre une liberté de citoyen, où l'on obéit au souverain, tel est le contrat social d'après Rousseau.

Chacun de nous consent bien à obéir à un chef, nommé tyran par La Boetie (La Servitude Volontaire).

Tous les chefs ont profité de ce principe et il est aujourd'hui inculqué dès la plus petite enfance, si ce n'est par la voix des parents, par celle de l'éducation du pays. C'est pour emprisonner les esprits dans ce carcan d'obéissance que resta si longtemps la morale à l'école. Mais est-ce que la morale a empêché les étudiants du Mouvement du 22 mars de s'ériger comme nouveaux révolutionnaires ? Vous voyez ici que l'on peut donner deux sens à nos propos, selon que l'on soit politiquement de droite ou de gauche. Car, messieurs de la droite, le retour de la morale à l'école n'empêchera pas les révolutions antilibérales, mais justement parce qu'il ne les empêchera pas, messieurs de la gauche, vous pouvez accepter ce retour.

C'est ça, l'esprit des Contestataires Révolutionnaires à votre Service, le double sens porteur de message. Mais nous y reviendrons.

Que ce soit du fait de la disparition de la morale, d'un certain laxisme politique, ou d'une autre manière d'éduquer les enfants en ne les considérant plus comme des blocs de marbre à tailler à son image, le fait est là. Inutile de le nier, inutile de pester sur Sartre, sur Jack Lang ou sur «les jeunes d'aujourd'hui», admettons le simplement comme un fait objectif : la jeunesse a une autre conception de la discipline et de l'ordre.

Cette nouvelle conception s'est révélée efficace dans ce que les américains nomment «batailles» (de Los Angeles ou de Seattle par exemple) et que nous nous bornerons à qualifier de manifestations anticapitaliste.

L'organisation de ces manifestations est horizontale, terme ambiguë s'opposant à vertical. Une organisation verticale est une organisation de type pyramidale, c'est à dire plaçant un chef ou un groupe en haut de la pyramide qui délègue certaines tâches à des subordonnés, qui eux-mêmes nomment des délégués, etc... Nous nous souvenons tous des livres d'histoire du collège où l'on voyait la pyramide du système féodal, le roi au sommet et les paysans constituant la base. Ce système d'organisation est le plus commun, on le retrouve en démocratie représentative, en entreprise (fameux «organigrammes de services» avec ses « supérieurs n+1 »), en association, dans les différents partis politique, à l'école et dans l'armée. C'est pourquoi l'ensemble de la population comprend aisément les différents processus constitutifs de cette organisation.

Notre groupe possède, nous l'avons dit, une organisation horizontale. Contrairement à l'organisation verticale, il n'y a ni chef ni « étages » caractérisant la hiérarchie. Chaque membre de cette catégorie de structure est, en théorie, égal aux autres en droit et en pouvoir. En droit, parce que « tous les hommes naissent libres et égaux en droits ». Dans le cadre des Contestataires Révolutionnaires à votre Service, le pouvoir tient notamment dans le potentiel d'action des membres. Ainsi, chaque partie constitutive peut-elle agir avec la même profondeur et possède les mêmes possibilités d'action sur une problématique. Concrètement, cela signifie qu'il n'existe pas d'adhérent qui ait de meilleurs moyens d'action que les autres.

Illustrons cela par un exemple. Dans le cas d'une guerre, en hiérarchie pyramidale, le général possède une plus grande gamme de moyens d'action (envoi de troupes dans une zone, par exemple, ou bien ordre d'utilisation d'une arme spéciale) alors que le simple troupier ne peut guère agir que sous les ordres. Dans le cas d'une structure horizontale, chacun est troupier, mais avec des assignations libres différentes : l'un sera médecin s'il le souhaite, tandis que l'autre sera grenadier. Mais chacun possède la même gamme de moyen d'actions, le même pouvoir. Il est certes limité si chacun fait la guerre dans son coin, mais si des décisions sont prises en commun, le pouvoir du groupe peut dépasser celui du général.

Nous voyons que ainsi chacun est égal en droit et en pouvoir. Tout cela, c'est en théorie, car la pratique est loin d'assurer cet objectif utopique.

En effet, chaque adhérent est, de par son indépendance, limité à lui-même. Il possède bien les droits propre à chacun, mais son pouvoir est bridé par ses compétences physiques et intellectuelles, mais aussi, c'est bien malheureux, par ses moyens financiers. Ainsi, un militant des Contestataires Révolutionnaires à votre Service, s'il est seul, se verra vite en prise avec des problèmes d'ordre matériel : impression, photocopie, colle, bombe de peinture... Tous ces frais pèseront sur ses seules épaules, et ils ne seront pas tous supportés selon les moyens du militant. Il y a bien différence de pouvoir, à cause de la non-égalité des moyens financiers placés dans la cause.

Cela est vrai dans la première phase du mouvement, où chacun est seul et où chaque faction se retrouve isolée des autres, par goût ou par action extérieure. L'entraide entre factions ou individus est alors presque impossible.

Les Contestataires Révolutionnaires à votre Service ne peuvent pas non plus, à ce niveau, obtenir d'aide réelle de la population, si ce n'est le silence des témoins et leur encouragements, comme cela s'est produit dans le quartier de Vienne durant les élections municipales.

Une fois le mouvement plus soutenu, l'organisation horizontale prend tout son sens et les différences s'aplanissent, tout du moins les différences de pouvoir. L'égalité se fait plus forte, et la communication entre les différentes branches est assez dense pour que des fonds monétaires communs soient mis en place, tout comme une permanence mobile et une unité d'action.

A ce niveau, il n'y a toujours pas de chef. Les décisions sont prises en assemblées de tous les partisans, ou bien, en temps de grande répression, faction par faction. Il ne doit y avoir aucun représentant, mis à part un trésorier volontaire et élu qui pourra être désisté de ses fonctions à n'importe quel moment sur demande générale. Un porte-parole peut aussi être nommé, mais il n'a aucun rôle décisionnel, et en cas de négociation avec les pouvoirs publics il ne peut jamais prendre de décision au nom de la branche et encore moins des Contestataires Révolutionnaires à votre Service dans leur ensemble.

De cette sorte, sans chef, sans tête, les ennemis des libertés ne peuvent nous décapiter. Nous sommes tel une masse grouillante de fourmis dont la reine s'appellerait le Peuple. On peut écraser des fourmis, mais l'on ne peut détruire la colonie sans tuer le Peuple.

D'aucun voudra nous faire remarquer que sans chef nous ne pouvons être disciplinés et qu'inévitablement surgiront les dérives et les abus. A ceux-là nous répondons par deux points. Tout d'abord, le culte du chef a presque toujours engendré un totalitarisme : Hitler en Allemage, Staline en URSS, Mussolini en Italie, Franco en Espagne, Castro à Cuba, Pétain en France... Cela, seulement au XXe siècle. Avant eux, il y en a eu d'autres en France comme ailleurs, et il y en a actuellement encore quelques uns.

Ensuite, comme le disait Émile Zola, « la discipline, c'est l'obéissance ». Même si aucun de nos membres n'a à obéir à un quelconque supérieur, il est discipliné. La discipline des Contestataires Révolutionnaires à votre Service est personnelle. Chaque Contestataire Révolutionnaire, en adhérant à notre idéologie, s'astreint à certaines règles implicites, qu'il fixe par lui-même ou que la branche fondatrice conseille. Cette valeur commune à chacun que le peuple doit triompher de tout ce qui l'emprisonne, cette valeur est sacrée pour le Contestataire Révolutionnaire. C'est d'elle que découle sa discipline.

C'est ainsi que tout véritable Contestataire Révolutionnaire ne vole ni n'agresse, de même qu'il ne porte aucune arme ni n'agit en compromettant le nom des Contestataires Révolutionnaires à votre Service. Le nom des Contestataires Révolutionnaires à votre Service doit rester inattaquable.

C'est comme cela que la tactique que tentera tôt ou tard d'adopter l'ennemi du peuple en signant au nom des Contestataires Révolutionnaires à votre Service des actes répréhensibles ne pourra pas tenir debout. Un véritable Contestataire Révolutionnaire, même d'une faction séparatiste, ne doit porter atteinte au groupe entier, il en va de notre survie. Quiconque, croyant sans doute profiter de notre mouvement, signe ses oeuvres malsaines de notre nom ne peut ainsi pas être décemment cru.

La base du mouvement est, nous le répétons, le respect de la population.


De la neutralité


Secondement, le principe d'égalité du groupe ne gomme pas les différences inhérentes à notre humaine. Il n'est même pas dans nos idées de supprimer ces différences. Chaque adhérent est un individu humain plein et entier, il possède les convictions politiques, religieuses, philosophiques, littéraires et artistiques propres à ses réflexions. Nous ne le dépouillons pas de ce bagage car il enrichi considérablement le groupe entier.

Néanmoins, notre mouvement se doit d'être neutre. La neutralité nous permet non seulement d'être le miroir de la société française à chaque instant, mais aussi de nous protéger. En ne suivant aucune mode, nous ne pouvons qu'être d'actualité, et nous clarifions ainsi la situation en la ramenant à un manichéisme : nous sommes les défenseurs du peuple, et seuls ses ennemis veulent notre destruction.

Sur le plan politique, nous embrassons tous les partis mais ne donnons crédit qu'aux propositions qui tendent vers le bien de la majorité tout en étant dans le cadre de la démocratie. Nous rejetons donc toute forme de fascisme. De plus, notre objectif n'étant pas la destruction d'un quelconque pouvoir, que ce soit celui du gouvernement, du maire ou d'une entreprise privée, nous n'avons pas de politique anarchiste, même si nous accueillons volontiers les anarchistes dans notre lutte s'ils respectent comme tous les Contestataires Révolutionnaires les convictions politiques des autres adhérents.

Ce respect des convictions entraîne de fait la laïcité du groupe. Étant donné qu'il est difficile de gérer plusieurs communautés religieuses en même temps, et pour éviter toute dissension qui pourrait être mauvaise pour l'ensemble du groupe, le mouvement doit s'obliger à la laïcité. Nous demandons à chaque militant de ne pas porter de signes religieux visibles lors des actions, les réunions et les manifestations. Pour autant, aucun Contestataire Révolutionnaire ne doit profaner de tombes ou de lieux saints.

Toujours dans cet esprit de neutralité et d'actualité constante, nous clamons n'être ni artistes ni littéraires. Nous sommes pourtant initiés à la vie artistique. Qu'est-ce que cela signifie ? Tout simplement que, même si nous utilisons des moyens artistiques nous ne pensons pas être des artistes, car ce que nous produisons ne sont pas des oeuvres artistiques ou littéraires mais des moyens détournés d'atteindre nos objectifs. C'est aussi pourquoi nous signons nos produits du nom du groupe et non pas de celui des différentes personnes ayant assisté à leur conception.

Ces principes dégagés, des conséquences en découlent.

L'atteinte aux lieux saints est prohibée, évitez donc le collage d'affiches sur les églises sauf s'il existe un endroit spécifiquement réservé à l'affichage public à l'extérieur. De même pour les permanences des différents partis politiques, à l'exception de ceux qui nous auront explicitement montré les dents. Mais même dans ce cas une solution alternative et diplomatique sera recherchée auparavant, comme le dialogue et l'argumentation pour éclaircir un point flou dans la conception du groupe. Évitez aussi de dégrader les bâtiments historiques, comme les châteaux par exemple. Nous demandons aussi de respecter les locaux du réseau de bibliothèque de Blois. Offrant une culture et une entrée libre, elles sont nos alliées. Le dépôt de tract est autorisée, surtout s'ils portent sur une manifestation culturel que nous aurons organisé. Si possible, demandez l'accord des autorités sur place.

Tout cela nous amène naturellement au troisième point.


De la multiplicité de nos moyens d'action


Troisièmement et dernièrement, donc, nous possédons une diversité d'action permettant d'atteindre nos visées avec efficacité.

La plus classique d'entre elles est le collage d'affiche, associé au détournement. Cette méthode du détournement a l'avantage d'être économique, mais demande un travail de profondeur (police de caractère appropriée, slogan subversif, uniformisation de l'action en agissant avec le plus de militants...). L'affichage se fera principalement sur les panneaux prévus par la mairie à cet effet. Bien entendu, nous tenterons d'obtenir l'autorisation d'utiliser les palissades de chantiers, comme prévu dans la loi de 1881 sur la liberté de la presse, et si elle nous est refusée, nous passerons outre cette interdiction. Les lieux désaffectés peuvent aussi être investis d'affiches et, dans certains cas les murs donnant sur la voie publique. Ne collez jamais sur les consignes de sécurités ou les transformateurs électriques, et évitez les panneaux de signalisation routière, sauf en cas de visée spécifique (empêcher le passage de voitures par la rue Saint Lubin par exemple).

Cet affichage permet à la population de connaître nos positions, mais aussi leur donne à réfléchir et à débattre. Des affichages pédagogiques peuvent aussi être effectués.

L'éparpillement de citations ou de messages est envisageable, ou bien encore des jeux de pistes à l'attention des passants. Aux États-Unis, certains peintres s'amusent à créer des trompe-l'oeil sur les trottoirs. Pensez aussi à des jeux.

Lorsque aucun affichage n'est possible, on peut improviser des panneaux alternatifs en plaçant des plaques sur des grilles par exemple.

Le public visé peut être restreint ou englober la totalité de la population.

Un journal gratuit est aussi un moyen de diffuser les idées, mais les frais qu'il suppose ne permettent pas sa réalisation dans l'immédiat. Ramenons-nous d'abord à des tracts ou des brochures.

L'impression et la multiplication des copies peuvent représenter un problème au départ. Sachez que la plupart des lycées permettent la photocopie à faible prix pour les lycéens. Pour de petites quantités, la Poste propose une photocopieuse 0,10 € l'unité. Pour un plus grand nombre, préférez un imprimeur à prix dégressif, comme celui occupant la rue du Palais. Nous espérons pouvoir mettre sur pied le plus rapidement possible un atelier d'impression indépendant. Nous espérons aussi proposer aux Blésois un éditeur libre et populaire avec des livres à bas prix contournant la censure des éditeurs officiels.

Des manifestations musicales peuvent aussi être organisées. Notre porte-parole nous téléphonais hier de la place Louis XII où un jeune jouait au grand air du violoncelle. Les lycéens et étudiants font souvent ce genre de spectacles à semi improvisés dès la venue du printemps, et nous encourageons les Contestataires Révolutionnaires à faire de même. Nous encourageons aussi tout type de théâtre de rue. Il y a à Blois des dizaines de places qui s'y prêtent.

Ces actions libres représentent peu de frais et rencontrent toujours l'accueil favorable du public.

Des centaines d'idées nous ont déjà été proposées. N'attendez pas notre assentiment pour les réaliser. Nous reparlerons de plusieurs d'entre elles plus tard, quand nous aurons assez d'influence pour les mettre à l'oeuvre. Parmi elles, un marché libre (disques, livres, badges, accessoires...), une salle de cinéma à entrée à prix variables selon les moyens du client, la mise en place d'une terrasse couverte permettant de recevoir les pique-niqueurs même en hiver... N'hésitez pas à nous souffler les vôtres.


Nous aimerions préciser un dernier détail. Les textes donnés sur ce journal sont libres de droit, vous pouvez les réutiliser du moment que vous citez les Contestataires Révolutionnaires à votre Service et la présente notice.

 

Publié dans Idéologie

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